Krzysztof Warlikowski a profondément renouvelé l’interprétation du théâtre de Shakespeare et des tragiques grecs dont il a mis en scène de nombreuses pièces. Extrêmement actif également dans le domaine de l’opéra, il a su y transposer son langage théâtral pour permettre aux œuvres du répertoire de dialoguer avec notre époque. Au-delà des classiques, le metteur en scène polonais puise dans la littérature les thèmes de ses spectacles et notamment dans Proust. Après avoir monté une première adaptation à la scène d’A la recherche du temps perdu en 2002, Warlikowski fait, avec Les Français, une nouvelle incursion au cœur de la cathédrale proustienne. Il dresse le portrait d’un monde en voie de disparition et littéralement au bord de l’explosion, pour mieux montrer le destin de l’Europe et les soubresauts de l’histoire. Car outre l’immense voyage introspectif, Warlikowski montre que dans l’œuvre de Proust il est aussi question de traumatismes historiques et de scandales, de Dreyfus et d’antisémitisme, de la guerre et des conflits, d’homosexualité et d’ostracisme. « Les Français, c’est une marque européenne, vous voyez… Comme les meilleures marques de veste ou de parfum. Et vous savez : ça sent bon et ça pue. C’est comme Proust, et c’est intéressant de voir des deux côtés… » dit-il lors d’une interview à France 3. L’œuvre du metteur en scène polonais ne cesse d’interroger l’Europe, son histoire, puisant dans ses mythes fondateurs, sacrés et politiques, les images capables de la dévisager. Les spectateurs du Parvis qui ont le privilège d’assister pendant près de 4 heures à l’une des deux représentations de ce mois de mars 2016 découvrent une troupe d’acteurs exceptionnels et une esthétique théâtrale puissante. En bref, la rencontre d’un grand maître de la littérature et d’un grand maître du théâtre…