2015
- spectacle vivant
2015
Yoann Bourgeois, Celui qui tombe
Comment ne pas tomber dans un monde qui chute ? C’est la question que pose Yoann Bourgeois en exergue au spectacle Celui qui tombe. Une question qui vient percuter l’actualité ce 13 novembre, alors que dans le même temps, un groupe de terroriste pénètre à l’intérieur du Bataclan.
Sur la scène, six silhouettes, circassiens autant que danseurs, forment un échantillon d’humanité. Ils sont debout sur une plateforme de bois suspendue et mobile. Ils tentent de s’accrocher, de ne pas sombrer. Mais leur radeau tourne de plus en plus vite et le défi devient quasi intenable face à la force centrifuge. Le metteur en scène, acrobate et danseur Yoann Bourgeois teste les limites physiques des protagonistes qui, dans cette épreuve, risquent de se faire éjecter du plateau. L’entraide est la seule chance de survie. « Celui qui tombe est un hommage à la peur, qu’elle soit du vide ou de l’humanité » écrit Philippe Noisette dans Les Inrocks. Le spectacle est hypnotique, il émeut tant la beauté flirte avec le risque et le danger. Il est aussi le premier grand succès de cet artiste accueilli une première fois au Parvis en 2013 avec L’art de la fugue. Yoann Bourgeois n’a de cesse d’inventer des agrès et des situations qui tentent de concrétiser son « point de suspension », un combat poétique contre la gravité et la mort. Le public du Parvis se presse pour venir voir le spectacle et l’ovation est générale. Mais peu après la fin de la représentation tombe une nouvelle qui va donner une tout autre profondeur au spectacle. A 21h40 ce 13 novembre, un groupe de terroristes pénètre à l’intérieur du Théâtre du Bataclan. La tuerie fait 90 morts et des dizaines de blessés. Au sein de la compagnie et de l’équipe du Parvis, comme partout en France, la sidération est totale. Surtout, une seconde représentation est prévue le 14 novembre et la question se pose immédiatement : faut-il jouer ? faut-il annuler ? Le public viendra-t-il ? Décision est prise de maintenir car chacun a la conviction qu’il est indispensable de continuer. Et le public répond présent, pensant sans doute à ceux qui sont tombés. Pour conjurer la peur, qu’elle soit du vide ou de l’humanité…