2010

Kontakthof de Pina Bausch/ photo de Ursula Kaufmann
  • spectacle vivant

2010

Pina Bausch, Kontakthof

Elle fut une des grandes figures de la danse et du théâtre au XXe siècle. Accueillie une fois par an au Théâtre de la Ville, Pina Bausch et la troupe du Tanztheater de Wuppertal n’étaient sinon visibles que dans les plus grandes villes européennes. En ce mois d’octobre 2010 pourtant, 26 adolescents foulent la scène du Parvis pour interpréter Kontakthof. Un événement exceptionnel. 

Kontakthof en allemand signifie littéralement « la cour des contacts », c’est-à-dire les bars, les dancing, boîtes de nuit et autres salles des fêtes voués aux rencontres. Créée en 1978, la pièce raconte, sous la forme d’une revue empruntée aux variétés, l’histoire ordinaire de l’éternelle et difficile séduction entre les hommes et les femmes. « Kontakthof est un lieu où l’on se rencontre pour nouer des contacts, se montrer, se défendre, avec ses peurs, avec ses ardeurs. Déceptions. Désespoirs. Premières expériences. Premières tentatives. De la tendresse, et ce qu’elle peut faire naître » dit la chorégraphe. En 1999, la pièce est remontée avec des danseurs-acteurs seniors. Et en 2008, Pina Bausch décide de reprendre l’œuvre emblématique pour la confier à des adolescents de 14 à 18 ans qui ne sont jamais montés sur scène et n’ont jamais dansé.



La gageure de cette distribution est de concilier la confusion propre à ces âges particuliers avec le propos universel du ballet. Pour ceux-ci d’ailleurs, la découverte de l’univers de Pina Bausch va de pair avec une découverte d’eux-mêmes. Une prise de contrôle de leur corps, avec lequel, à cet âge-là plus qu’à aucun autre, ils sont mal à l’aise, mais aussi une exploration de leurs émotions, de leurs désirs, de leurs angoisses. Le résultat est aussi éblouissant que bouleversant et, compte tenu de l’âge des interprètes, ne peut avoir qu’une vie éphémère. Malgré la disparition de la chorégraphe en 2009, le spectacle part en tournée et c’est donc une troupe d’une trentaine d’adolescents qui débarque au Parvis au mois d’octobre 2010. Les représentations sont combles et l’émotion est palpable durant les trois heures de spectacle, jusqu’aux longs applaudissements de la fin… 

 

Aujourd’hui, Pina Bausch est sans doute la chorégraphe la plus fréquemment citée, mentionnée, honorée, admirée par les artistes de tous horizons. Qu’ils soient metteurs en scène de théâtre, de danse, de cirque ou réalisateurs de cinéma, tous l’évoquent avec passion. Son ombre plane sur nombre de spectacles tant son style hybride appartient désormais à l’imaginaire collectif des artistes et des spectateurs. Peu d’artistes laissent une si profonde empreinte.