2000

  • spectacle vivant

2000

PETER BROOK, LE COSTUME

Pour un grand nombre de spectateurs, le nom de Peter Brook évoque une aventure théâtrale hors du commun, celle du Mahabharata. Un événement en trois parties de trois heures chacune, créé au Festival d’Avignon, repris ensuite aux Bouffes du Nord, pour lequel Brook a travaillé près de dix ans. Le metteur en scène anglais, installé à Paris depuis 1970, a profondément marqué son époque en inventant au Théâtre des Bouffes du Nord un nouveau rapport au public.

À partir de cette expérience, il a écrit en 1977 L’Espace vide, un essai sur la mise en scène devenu depuis un ouvrage théorique incontournable. Comme Ariane Mnouchkine, mais d’une manière différente, Brook recherche une hybridation culturelle, une universalité du langage théâtral. Et c’est avec la création du CIRT (Centre International de Recherche Théâtrale) que Peter Brook voyage un peu partout dans le monde et rassemble des comédiens d’horizons divers.  

Au Parvis, Peter Brook a été invité dès 1980 avec Ubu Roi, puis avec la pièce de Beckett Oh, les beaux jours en 1996. Mais ce Costume qui débarque sur la scène du Parvis en 2000 n’est issu ni du répertoire classique, ni de l’univers du conte. Il s’agit d’une nouvelle d’un écrivain noir sud-africain, Can Themba. L’intrigue relève du vaudeville et de la fable, mais évoque aussi l’apartheid, encore dans toutes les mémoires. En rentrant chez lui, un homme découvre sa femme avec un autre homme. Il lui impose alors une punition saugrenue : cohabiter à trois avec le complet veston de l’amant. Un costume, qui trône au milieu de chaises multicolores et de portants qui font office de portes et délimitent le plateau. Un costume qui porte, comme tout habit, un corps en puissance, une fiction en sommeil, qui rend visible un « invisible » - c’est là une des notions clés du travail de Peter Brook. Et sa manière à lui de faire beaucoup avec presque rien ; « Le théâtre le plus sophistiqué du monde et en même temps le plus simple, né de la convention, celle que connaissent instinctivement les enfants : On dirait que nous serions à Moscou, à Séville, à Athènes… »*. L’un des tous derniers spectacles de Peter Brook, Battlefield, a été présenté au Parvis en 2016.  

*in Le spectacle au cœur (Marc Bélit, Séguier 2015)