1999

  • spectacle vivant

1999

Le Parvis

LITTORAL DE WAJDI MOUAWAD

Au moment où le spectacle est accueilli au Parvis, il bruisse encore de son succès au Festival d’Avignon. Littoral a été écrit et mis en scène par un jeune auteur trentenaire, originaire du Liban et vivant au Québec, Wajdi Mouawad. Et ce dernier va marquer la scène théâtrale française. 

Avec près de quatre heures de représentation, la proposition avait pourtant de quoi rebuter les spectateurs. Mais la salle est pleine ce 14 décembre au Parvis car Littoral est un de ces événements qui marquent une saison, voire plus. La pièce raconte l’histoire d’un homme d’une vingtaine d’année qui apprend que son père est mort et qu’il est à la morgue. Il passe alors de l’insouciance à la responsabilité. Que faire de ce père mort dont personne ne veut ? S’engage un long voyage initiatique où le jeune homme porte son père sur son dos vers le Liban, sa terre natale. Mais la guerre a rempli les cimetières, on ne peut prendre un cadavre de plus, surtout un cadavre d’exilé. Et ressurgit alors le dilemme d’Antigone : il y a les bons morts, et les autres.

Wajdi Mouawad, qui connaîtra d’autres grands succès par la suite (Incendies, Forêt, Ciels…), sera nommé à la direction du Théâtre National de la Colline en 2016. Au sortir de la pandémie en 2020, Mouawad reprendra Littoral, parce que la pièce résonne soudain avec le présent, le rapport de la jeunesse à la mort, à la mémoire, à l’identité, la difficulté de se raconter, mais aussi l’impossibilité d’aimer, la violence, la guerre…  
 

Le travail d’une scène nationale réside dans l’organisation du face à face entre la création artistique, dans ce qu’elle nous parle du monde tout autour, et le public. Ce public qui, parce qu’il a confiance, tente l’aventure et se laisse surprendre, comme l’ont fait ou le feront cette saison les spectateurs d’Ecrire sa vie, Daddy, Exit Above, Institut Ophélie… Tout le sel du spectacle vivant, sa puissance malgré son caractère incroyablement éphémère, est intimement liée à cet état de fait : avec le recul du temps, les années passant, tel ou tel événement apparaît comme un point de repère ou de bascule et devient un « classique ». Et chaque spectateur présent peut alors se le remémorer en se disant « j’y étais ». 

 

 

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