2001

Romeo Castellucci © SRS
  • spectacle vivant

2001

Romeo Castellucci, Genesi

"En vérité, le théâtre occidental naît quand Dieu meurt. Quand l’expérience du sacrifice n’est plus acceptable au niveau culturel naît la tragédie. Le drame et la violence sont élaborés au théâtre et non plus sur un autel. Ils sont transférés dans un contexte culturel et non plus cultuel. Depuis ses origines, le théâtre pense le sens de dieu et l’absence du sacrifice. Quand le sacrifice entre en crise naît le théâtre."
Ainsi parle Roméo Castellucci, ex-étudiants en arts plastiques et fondateur de la Societas Raffaello Sanzio avec sa femme et sa sœur en Italie près de Rimini.  

Découvert en France dans les années 1990, Castellucci explore ce qui pourrait justifier la pratique du théâtre aujourd’hui, la grâce d’un archaïsme envers et contre tout résistant : l’humain dans ses représentations, jusqu’à l’irreprésentable. Les spectacles du metteur en scène italien s’organisent comme autant de « visions » qu’il propose au public, quitte à dérouter. « Il n’y a aucune pédagogie dans mes spectacles » dit-il. « Le spectateur est un adulte capable de comprendre à tous les niveaux ».  

Genesi : from the museum of sleep est accueilli au Parvis en mai 2001. C’est incontestablement un des grands chocs esthétiques et dramatiques de la saison. Les trois heures de spectacle peuvent parfois provoquer l’effroi, le dégoût, le rejet, mais à la fin le public est debout, qui ovationne longuement les comédiens, convaincu d’avoir traversé une expérience hors du commun. Castellucci leur a proposé le merveilleux, la beauté, aux frontières de l’insoutenable.
Genesi restera comme un événement unique dans l’histoire du Parvis et le metteur en scène deviendra une des grandes figures du théâtre et de l’opéra jusqu’au récent Bérénice avec Isabelle Huppert au Théâtre de la Ville.

En 2008 pourtant, la compagnie présente Buchettino, une relecture du Petit Poucet à destination des enfants, en partenariat avec Pronomade(s).Une merveille de spectacle où les enfants couchés dans de petits lits écoutent une conteuse, tandis que la pénombre gagne et que la tempête souffle au-dehors… Et qui permettait de comprendre d’où pouvaient venir les métaphores des grandes formes imaginées par Romeo Castellucci : des terreurs de l’enfance sans doute, comme souvent…