1998

  • exposition

1998

Centre d'art contemporain

Atelier Van Lieshout

Qui aurait pu deviner que la tonitruante exposition Le Bon, La Brute + Le truand, allait être interdite trois jours après son inauguration, le 5 juin 1998 dans le petit village de Rabastens dans le Tarn ? Et qu’elle reprendrait vie un mois plus tard au Parvis ?  

Cette exposition qui fut curatée par Pascal Pique, alors directeur d’un FRAC Midi-Pyrénées sans murs, célébrait le travail de l’une des plus grandes figures internationales de l’art contemporain, en la personne du Néerlandais Joep van Lieshout ou plutôt de son collectif, modestement intitulé « Atelier van Lieshout »... Un très bon moyen selon l’artiste, de « saper l’aura de l’artiste et le mythe du génie solitaire ».
Dans son travail, L’atelier Van
Lieshout aborde les sujets brûlants de son temps : pouvoir, sexe, violence, dépendance... Vie et mort en somme d’une humanité qui erre dans un monde chaotique qui la dépasse. Ses œuvres, installations et agencements performatifs qui se destinent la plupart du temps à l’usage du public puisqu’il y est permis d’y vivre, s’étendent logiquement dans le champ du design et de l’architecture. C’est souvent grinçant, un poil provoquant mais toujours drôle.
 

Ce fameux jour de juin, tout commença par un remuant vernissage inaugurant une série de sculptures utilitaires implantées dans l’espace publique de Rabastens : Atelier de fabrique d’armes, distillerie, une Mercedes armée d’une fausse mitraillette… etc… Ce sont précisément ces installations sulfureuses mais rigolardes qui suffirent à provoquer l’ire de l’édile et celle de quelques-uns de ses administrés. L’Atelier van Lieshout n’avait jusqu’ici jamais rencontré de problèmes où qu’il ait exposé dans le monde...et le village de Rabastens lui -même avait pour habitude d’accueillir des projets d’artistes d’envergure. 

Un mois plus tard, cette « guéguerre de carton-pâte » (en référence au titre de l’exposition Le bon, la brute + le truand, et au fameux western éponyme) littéralement stoppée nette, reprit vie au Parvis avec le support de Sylvie Froux (directrice du centre d’art contemporain d’alors) et de Marc Bélit, directeur et fondateur du lieu. Et à vrai dire, dans ce centre d’art installé au cœur d’un centre commercial Leclerc, au-dessus des rayons couches et au milieu des caddies, L’Atelier Van Lieshout ne pouvait trouver meilleur terrain de jeux ! 
Le parking, lui aussi était intéressant pour l’artiste qui confessait facilement qu’il était encore plus drôle et inattendu pour lui d’exposer dans un supermarché qu’en plein cœur d’une petite ville du Tarn ! Le Parvis conscient d’accueillir un des plus grands artistes de son temps, joua le jeu d’une exposition plus subtile qu’il n’y paraît. 
 
 

Pour ironique et insolent qu’il soit, le travail de l’Atelier Van Lieshout engage en réalité une réflexion sur notre vivre ensemble, notamment en contexte urbain, et sur les rapports sociaux et humains qui s’y établissent. Alors que l’on sait bien que la mitraillette n’était pas chargée à balles réelles, que l’alambic était faux, que les pilules n’étaient pas de médecine, il aura suffi qu’il s’agisse d’art contemporain pour que l’illusion se transforme en vérité ! Au Parvis l’installation de L’Atelier Van Lieshout « montrait pourtant un autre aspect de son travail », remarqua Pascal Pique commissaire de l’exposition. Un travail sur l’espace, le lieu, l’urbanisme, sur les espaces d’isolement et repos... comme pour répondre à la brutalité du monde urbain.  

 

Pour l’anecdote, un des médiateurs de l’exposition Le bon la brute + le truand, était un tout jeune objecteur de conscience... 26 ans après, il est devenu directeur du Parvis !