Ensemble, on est plus fort. Ensemble, on peut cicatriser nos plaies, prétend Lia Rodrigues. Son itinéraire de création est indissociable de son action sociale, au travers du Centre d’arts et de l’Ecole libre de danse qu’elle a fondés en partenariat avec l’ONG Redes, dans la favela de la Maré, quartier de la banlieue nord de Rio de Janeiro. Le « choc » s’était produit au Parvis en 2016 avec Pour que le ciel ne nous tombe pas sur la tête, un spectacle où danseurs et spectateurs étaient ensemble sur la scène. Où ces derniers pouvaient plonger leurs yeux jusqu’à plus soif dans ceux des danseurs, face à face, à quelques centimètres. Puis il y eut Furia en 2019, qui rappelait la brutalité du régime, la violence des favelas, la couleur, la fureur… Comme à chaque fois, la chorégraphe parvient à mêler la cruauté inévitable et l’énergie vitale qui tire vers le haut.  

Créé en temps de pandémie, Encantado est né du désir d’utiliser la magie et l’enchantement comme guides d’un processus créatif. Comment enchanter nos peurs et constituer ensemble un collectif ? Comment enchanter nos idées et nos corps en les transformant en images, danses et paysages ? Comment s’enchanter avec l’autre, alors qu’il est à l’opposé de ce que nous sommes ? Sur scène des danseurs nus, et une multitude d’étoffes colorées dont ils se saisissent, qu’ils nouent et qu’ils enfilent, créant une succession de métamorphoses. La chorégraphe y met en avant le thème de l’invention de soi, des identités plurielles et contradictoires, de tous les possibles à portée de main. C’est une exploration libre et folle, dans laquelle souffle un grand vent d’enfance et de joie. Encantado propose une autre vision du monde possible, ni occidentale, ni eurocentrée. Une possibilité qui peut nous enchanter, parce qu’elle nous transforme… « La joie, ça peut être aussi un moyen de lutter, de résister. C'est important qu'on n'oublie pas ça, notre lutte doit être joyeuse » conclut Lia Rodrigues.