2021

crédit photo Jean Louis Fernandez
  • spectacle vivant

2021

Caroline Guiela Nguyen, Fraternité

Le projet du Parvis, porté par son nouveau directeur Frédéric Esquerré, évolue. Son intérêt pour les écritures du réel, qui se définissent comme les écritures de l’exploration qui puisent dans le réel son sujet et s’élaborent au contact de la rencontre avec les habitants d’un territoire, d’un travail d’enquête, d’archives, l’immersion dans une réalité sociale, un travail de documentation personnelle, commence à s’installer.  

De plus en plus d’artistes choisissent de se confronter au réel. Ils éprouvent le besoin de construire une autre relation au monde et aux autres.  Continuant ce très ancien dialogue entre poésie et politique, les écritures du réel mettent en présence des mondes qui ne se connaissent pas ou si peu en réunissant les paroles de professeurs, d’employés, cadres, ouvriers, chômeurs, lycéens, cohabitant avec celles d’artistes, de chercheurs, de philosophes… et cherchent ensemble ce qui peut naître de ces rencontres.



Caroline Guiela Nguyen, qui est aujourd’hui la première femme nommée à la tête d’un Théâtre National, celui de Strasbourg dont elle a pris la direction en 2023, est de celles et ceux-là. Elle est invitée au Parvis à présenter Fraternité, conte fantastique. Fraternité est bien un conte « fantastique » puisque la pièce projette les personnages et les spectateurs dans un futur lointain quasi-apocalyptique.  Elle parvient à bousculer les codes théâtraux traditionnels, cherchant à « réconcilier nos plateaux et le monde ».

Dans cette perspective élargie de démocratisation du théâtre, elle a monté une troupe qui mêle comédiens professionnels et amateurs de toutes provenances, recherchés dans les centres sociaux et les rues, et ne donne la vedette à aucun. Les accents étrangers et régionaux ne sont pas gommés, au contraire, notamment l’accent marseillais, et différentes langues circulent : le français, l’anglais, l’arabe, le tamoul, le parler jeune, et le chant lyrique…



Au final, un spectacle bouleversant, qui aura marqué durablement l’ensemble des spectateurs présents, dans la frilosité post-covid encore prégnante à l’époque.