Imaginez un théâtre à l’italienne, une scène vide, ornée d’un simple paravent et de deux paires de chaises. Ajoutez quatre acteurs qui jouent, à l’aide de masques et de costumes succincts, une des farces les plus simples qui soient… et vous obtenez une représentation idéale du théâtre de Molière à ses débuts. C’est ce que vous propose le spectacle M.M (Masque.Molière).

Mais voilà : est-ce que la fonction du Masque s’est toujours limitée à la représentation d’un personnage ? Quelle est la profonde influence de l’objet sur l’acteur ? Plus encore : les « masques » que nous utilisons dans la vie de tous les jours sont-ils là pour dissimuler ou pour révéler (pensez aux pseudos ou aux avatars…) ?

Pour tenter de répondre à ces questions, chacun de nos quatre comédiens enflamment de leurs corps, de leurs voix et de leurs êtres La Jalousie du Barbouillé. Ils s’appuient sur la mécanique implacable et drôle de cette farce, pour mettre en œuvre un jeu qui finit par transfigurer la farce elle-même. Loin des stéréotypes du théâtre masqué, on voit alors apparaître des visages venus du monde entier : du cuir des masques de la commedia dell’arte au plastique des magasins de farces et attrapes ou de bricolage. Car le Masque, par son mystère et son étrangeté, dénonce toujours le monde qui nous entoure ; peu importe la forme, il peut même être vecteur de puissance, d’épouvante, d’espoir ou de justice. Dans tous les cas, il a la force d’un symbole. Ainsi, Molière et Masques deviennent ici les outils d’une réflexion jubilatoire sur le théâtre lui-même.

Comme pour la trilogie autour de Rabelais, Didier Galas nous propose de nous questionner autant que d’aspirer une grande bouffée d’air frais.