1975
La musique indienne
Le concert qui se déroule au mois de mai 1975 au Parvis propose une affiche beaucoup moins prestigieuse que celle de Léo Ferré à l’automne précédent. Il va pourtant ouvrir la porte à une culture qui ne cessera d’irriguer la programmation du Parvis jusqu’à aujourd’hui.
Sur scène vient s’installer Narendra Bataju, virtuose indien du Sitar et du Surbahar. A ses côtés un joueur de Tablas (percussions indiennes) et l’incontournable Tanpura, instrument à cordes qui soutient l’improvisation mélodique avec un bourdon (un peu comme une vièle). Certes, dès le début, ce qu’on allait appeler « musiques du monde » par la suite avait sa place dans la programmation avec des artistes latino-américains et africains. Disons : une musique que les spectateurs pouvaient à peu près se représenter. Mais la musique classique indienne proposait un « ailleurs » beaucoup plus étrange, incroyablement raffiné et parfois complexe à s’approprier.
Ce concert ne fut pas une date unique. Bientôt, la culture classique de ce pays-continent qu’est l’Inde – la musique, mais aussi la danse et le théâtre – dans toute sa diversité, allait régulièrement s’inviter dans la saison du Parvis. Grâce, il faut le dire, au travail de passeur infatigable réalisé par le spécialiste de la culture indienne que fut Christian Ledoux. Et le public, surpris, puis de plus en plus nombreux, y prendrait goût.
En un demi-siècle de programmation, quelques grands noms ont foulé la scène du Parvis ou celle du Théâtre des Nouveautés. Le magnifique flûtiste Hariprasad Chaurasia, Debbashish Battacharya et sa guitare « slide », Nishat Khan, un autre grand joueur de Surbahar, la spécialiste du chant Khyal, Kaushiki Chakrabarty, et bien entendu, le percussionniste Zakir Hussain à deux reprises.
En novembre 2000 fut présentée l’une des formes les plus anciennes de théâtre au monde avec une démonstration de Kutiyattam, à la fois drame rituel, danse, théâtre, opéra et pantomime. Quant au répertoire de la danse, Le Parvis a présenté du Bharata Natyam, du Khatak, de l’Odissi et du Kuchipudi, notamment avec Shantala Shivalingappa, formidable danseuse pour qui le metteur en scène Aurélien Bory crée aSH, présenté en février 2019, juste avant le premier confinement…
Crédits des affiches : Alain Le Quernec