A son entrée, le spectateur se retrouve dans un espace d’attente, sombre et presque inquiétant. Car une fois la nuit tombée, qui sait ce qui peut arriver à une bibliothèque ? Coiffé d’un casque de réalité virtuelle, toujours dans une légère pénombre, il va ensuite pouvoir s’asseoir à une table où veillent des lampes à abat-jours verts, si caractéristique de l’univers feutré des bibliothèques. La visite, autant que le rêve, peuvent alors commencer.  

La bibliothèque, la nuit est une expérience en réalité virtuelle inspirée par le livre du même nom de l’auteur Alberto Manguel. Une exposition immersive imaginée et réalisée en 2015 par le metteur en scène Robert Lepage et l’auteur lui-même. Dans son livre, l’écrivain canadien d’origine argentine aborde les dimensions philosophiques, logiques, architecturales ou sociales qui sous-tendent l’existence de toute bibliothèque. L’expérience en 3D invite elle le spectateur à un voyage au cœur de dix des plus fabuleuses bibliothèques du monde. Et chacune d’entre elles prend un sens particulier dans le propos. En choisissant de nous transporter dans la bibliothèque antique d’Alexandrie ou celle de Sarajevo par exemple, détruites par le feu ou la guerre, Robert Lepage et Alberto Manguel nous rappellent la force toujours dangereuse des livres pour qui veut asseoir sa domination sur l’ignorance. Dans le même temps, la visite de la bibliothèque du Capitaine Nemo, décrite par Jules Verne dans 20 000 lieues sous les mers, nous entraîne dans un lieu totalement imaginaire. En sortant, on se dit qu'il faut lire et relire Alberto Manguel, homme d'une culture inouïe, habile avec les mots et les idées qui nous rappelle que l'on peut aussi voyager très loin sans casque. Un seul livre suffit.  

Une chose est sûre : La bibliothèque, la nuit n’a été accueillie qu’à quatre reprises en France, faisant des spectateurs du Parvis de véritables privilégiés. Une expérience véritablement unique.