Eve Risser appartient à une génération qui aime s’aventurer aux confins du jazz, de l’improvisation et des musiques contemporaines. Elle l’a démontré en s’imposant magistralement avec le White Desert Orchestra. Cette fois, Eve Risser a entraîné quelques-uns des complices de son aventure précédente et troqué l’immensité des déserts de glace pour celle, non moins inspirante et fascinante, du Sahara au nord du Mali. Un changement de couleur né de la rencontre avec Naïny Diabaté, griotte et star dans son pays depuis plus de trente ans. Inlassable militante de l’égalité, Naïny Diabaté replace la cause des femmes au cœur de la musique malienne, traditionnellement très masculine. Car il n’y a que peu de musiciennes au Mali. Les hommes jouent, les femmes chantent. Alors en 2013, elle lance un projet visant à bousculer les codes sociaux et les coutumes et donne naissance au Kaladjula Band, un groupe composé uniquement de femmes, toutes musiciennes hors pair, qui livrent un répertoire aux rythmes frénétiques et aux textes engagés.
Kogoba Basigui réunit sur scène deux musiciennes engagées, ainsi que le Kaladjula Band et le Red Desert Orchestra pour un concert exceptionnel. Eve Risser signe des morceaux en équilibre entre l’énergie de la musique mandingue et les sonorités doucement hypnotiques de son univers personnel. Histoire de prouver que la musique ouvre, d’un style à un autre, d’un continent à un autre, d’une époque à une autre, un champ infini de dialogues possibles.