Adel Hakim a codirigé avec sa complice Elisabeth Chailloux le Théâtre des Quartiers d’ivry pendant 25 ans. Ensemble, ils ont monté Sophocle, Sénèque, Shakespeare, Goldoni. Adel Hakim a également monté ses propres textes, dont Exécuteur 14 est certainement le plus connu. Ce spectacle, interprété seul en scène par Jean-Quentin Châtelain, a tourné de 1991 à 2005 et a été accueilli à deux reprises au Parvis. Sur scène, le dernier survivant d’une guerre civile raconte son enfance, paisible malgré des tensions confessionnelles entre deux clans rivaux, puis la guerre, un jour, qui survient sans crier gare...

Cet homme - mémoire des hommes - revit la chute : la naissance de la haine, les amours balayées, la croyance en un dieu vengeur, les victimes devenues bourreaux, la fuite vers le néant. Le spectacle faisait bien sûr référence au Liban, mais il résonnait tout autant de l’histoire récente des Balkans. Et il va sans dire que, 20 ans plus tard, le sujet reste incroyablement actuel.  
 

On ne saurait parler d’Adel Hakim sans évoquer la venue au Parvis en 2018 du Théâtre National Palestinien. Le metteur en scène avait créé Antigone en 2011 puis son propre texte Des roses et du jasmin en 2017, dans lequel il croisait l’histoire d’Israéliens et de Palestiniens, de 1944 à 1988, à travers trois générations. Ce fut son dernier spectacle. Décédé de la maladie de Charcot en août 2017, c’est en orphelins que les comédiens palestiniens sont venus jouer au Parvis quelques mois plus tard. Un événement impensable aujourd’hui, au regard de la situation au Proche-Orient. Adel Hakim, sa profondeur, son humanisme, nous manquent cruellement…