2002

  • spectacle vivant

2002

Le Parvis

La Mastication des morts

La Mastication des morts fait partie de ces événements dont le nom circule d’un spectateur à l’autre et par là-même devient « culte ». Sa réputation s’est répandue comme une traînée de poudre depuis le Festival d’Avignon 1999 et les spectateurs du Parvis le savent, c’est le spectacle à ne pas rater. 

Mais de quoi s’agit-il ? La metteuse en scène Solange Oswald et le plasticien Joël Fesel ont fondé le Groupe Merci quelques années auparavant à Toulouse. Ils ont renoncé à jouer dans la « boîte noire » du théâtre, ils veulent réinventer à chaque spectacle des espaces de représentation particuliers et modifier ainsi la place du spectateur. Ils se sont saisis d’un texte étrange de Patrick Kermann, qui ne veut rien moins que faire parler les morts. Ceux enterrés dans le cimetière de Moret-sur-Raguse sur deux générations, et disparus au cours du XXe siècle.

Pour donner à entendre ces voix, Solange Oswald et Joël Fesel ont installé une vingtaine de tombes éclairées, dans lesquelles chaque comédien livre son témoignage.
Au spectateur de s’approcher, d’écouter, de veiller chaque mort, ou bien de se laisser entraîner par le murmure général de l’installation, chacun choisissant son parcours. Jusqu’au tableau final où les soldats morts pour la France entament une scène chorale tragi-comique. Le lieu qui accueille le spectacle n’est pas anodin. Il s’agit du haras de Tarbes, un lieu jusque-là assez secret, réservé aux professionnels du cheval, qui s’ouvrait lentement au grand public et que Le Parvis investissait pour la première fois. Sa situation au centre de la ville prend pour La Mastication des morts une dimension symbolique forte.

Au gré des témoignages, les paroles dessinent progressivement, par le prisme du singulier, le paysage politique, historique et social. Des luttes pour les acquis sociaux aux dénonciations de personnes juives lors de la Seconde guerre mondiale, de la guerre d’Algérie jusqu’au final sur la Grande guerre, La Mastication des morts rappelle à quel point toutes les vies sont traversées et que leurs sommes participent à la grande Histoire. Lorsque le spectacle sera à nouveau accueilli en 2013, le simple souvenir de ces représentations au haras suffiront pour que les spectateurs viennent à nouveau nombreux.

Entre temps un compagnonnage au long cours s’est développé avec le Groupe Merci et la plupart de ses spectacles ont été accueillis : Européana, Merci, Les Présidentes, Réserve d’acteurs, A notre chère disparue, la Démocratie, Trust, Programme, Une supérette, et en décembre 2023 J’accepte. Quant au haras, Le Parvis y a parfois implanté des chapiteaux (Cirque Aïtal, Dromesko, L’homme cirque…), proposé du cinéma en plein air ou, comme en octobre 2023, l’inoubliable série des Trois Mousquetaires

 

 

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